BethuneUSA est un récit de voyage. Colombe Marcasiano, Terence Meunier, Trey Burns et Kristina Solomoukha vont traverser les États-Unis en voiture d’est en ouest durant une trentaine de jours pour filmer trois villes américaines qui portent le nom de Bethune (en Caroline du Sud, Colorado et Californie). Le retour en Europe se fait en cargo de marchandises. / dialogue avec Elfi Turpin / chanson de Béthune par Benjamin Seror /


BethuneUSA is a travel story. Colombe Marcaciano, Terence Meunier, Trey Burns and Kristina Solomoukha will travel a cross the country by car from East to West for one month to film three American cities with the shared name of Bethune (in South Carolina, Colorado and California) then returning to Europe via cargo ship. / dialog’s with Elfi Turpin / Béthune’s song by Benjamin Seror /

mercredi 24 novembre 2010

communiqué presse par Elfi Turpin

Paris, le 7 novembre 2010

Chère Kristina,

Tu as fait l’été dernier une longue traversée des Etats-Unis à la recherche  des villes américaines s’appelant Béthune. Il s’agissait d’aller prendre des nouvelles des lointaines cousines américaines et de les ramener à Béthune en France et plus précisément à Lab-Labanque qui est à l’initiative de cette « mission ». C’est drôle cette demande. Ca pourrait se situer quelque part entre la mission moyenâgeuse, l’enquête d’espionnage et le protocole conceptuel. Ca me fait aussi penser à ces gens qui, se retrouvant à des périodes de transition ou de bilan dans leur vie, se mettent en tête de reprendre contact avec des amis ou une branche de la famille perdue de vue, comme pour redéfinir ce qui constituerait leur identité. Et ce n’est pas si étonnant quand on réalise que cette demande émane d’une ancienne banque. Une ancienne banque transformée en centre d’art, certes, mais une ancienne banque quand même - qui, pour des raisons de mutations économiques et politiques profondes la dépassant, a du fermer ses portes. Ou plutôt les ouvrir. La banque est vide, ses coffres béants, ses secrets d’alcôves à la vue de tous. Ce lieu - témoin du passé industriel glorieux d’un territoire - est donc en train de se redéfinir et semble se pencher sur qu’il a, en bon gestionnaire, durant toute sa vie mis de côté : les cousines américaines, les rêves de voyage et autres commerces du sensible. Voilà donc déjà une interprétation des raisons obscures de ce voyage. Voyage qui par delà les cousines éloignées - est en fait le véritable enjeu de ce projet. Et ce ne pas innocent, car le voyage fait partie intégrante de ton travail. Oui, tu es une artiste voyageuse. Et souvent tu t’aventures sur des territoires dont tu collectes les signes, données et formes d’organisation. Ces recherches se traduisent par un répertoire d’images ENORME, complexe aussi. Il y est question donc de l’organisation de l’espace – architectures, paysages intensifs, objets publics, etc. – des modèles et de leurs arrangements ou bricolages. Qu’est-ce qui régit ces formes collectées ? Le fonds de l’air est toujours politique, non ? Tu agences, associes, montes ou « reformules » ces images dans l’espace. De la sculpture, en somme.
Dans le cas Béthune, le voyage est en train de prendre la forme d’une vidéo. A moins que ce soit la vidéo qui prenne la forme du voyage. Cette vidéo donc, sera présentée en janvier prochain dans une exposition que nous sommes en train de projeter. Nous sommes à un stade du travail, où les choses commencent franchement à se définir. J’aimerais en profiter pour discuter avec toi de deux ou trois choses qui peuvent sembler générales mais, qui à mesure que ce projet avance, deviennent de plus en plus précises ou élaborées. J’aimerais que l’on discute par exemple des moyens que tu as mis en place pour réaliser ce voyage. Tu es partie avec Colombe, Trey et Térence. La traversée de l’Amérique s’est faite en voiture (un road trip),  le retour en Europe en cargo. Dans quelle mesure ces éléments, qui sont des décisions, fabriquent-ils le film ? Est-ce que cette expérience déborde sur les images ? Quel est le rôle de la voiture ? Du cargo ? Etc., etc. J’aimerais aussi que l’on discute de questions de formes, liées à l’expérience du temps par exemple, puisque que tu es en train de monter une vidéo qui va durer, et que les paramètres que tu utilises généralement jouent davantage avec l’espace qu’avec le temps. Ce ne sont que des exemples. J’ai tout un tas d’autres questions. Promis, tes réponses resteront secrètes jusqu’à nouvel ordre. Si je mens… je mens. Hé hé.

A très vite,

Elfi

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